vendredi 29 août 2014

Lettre posthume

Chère Amie,

C'est un envol aujourd'hui: le premier jour de la fin de votre voyage terrestre:Symbolique,cruel,flamboyant,morose.

Insolente vie qui relie,détache,retrouve et sépare.C'est si court,si fragile,ça ne tient qu'à un fil.Tout est précieux: les instants,ce sourire,la photo ancienne,le souvenir.

Sept décennies d'un voyage mouvementé-unique-:d'éclats de rire,de peines,de moments intenses,de douleurs pénibles.Ce fut votre long-métrage grand ecran,pellicule noir et blanc,retour sur l'intensité d'une existence qui désormais est inscrite sur registre "in Mémoriam"

Il reste ces images de vous enfant,de votre adolescence et vie d'adulte,de vos passions,de ce vent de liberté qui flotte,de ces chevaux qui courent au galop affrontant les vagues camarguaises,de ce sentiment d'être soi,ici,ailleurs,toujours...

Le ciel pleure et accompagne le coeur qui se serre et se tait,qui aime sans pourquoi.C'est l'accompagnement d'une âme aperçue,rencontrée dans cet au-delà où virevolte les lumières,où s'épousent les énergies,où fraternisent les inconnus..

Merci Denise...












Les sentiments

Vivaldi en fond sonore,une tasse de thé brûlant et les sensations.Tout s'imbrique:mon corps qui me fait mal,mon esprit qui réfléchit,un malaise qui m'étreint.

C'est un jour sans soleil,un de ceux où tout paraît maussade,gris,sans espoir et il y a la pluie.Et le vent qui s'engouffre.Et cette torpeur.

Mon regard balaie la pièce,à la recherche de quoi?de qui?Seuls les fantômes m'accompagnent,je les vois se balancer doucement ou à toute vitesse partout,tout le temps.Je ne suis jamais seule est-ce une chance ou une malédiction?Je ne sais pas....

Le métronome interne se met en route: BABOUM,BABOUM,BABOUM..Impossible de lui échapper,il rappelle à l'ordre,il marque son territoire,impose sa présence comme pour me dire "ecoute un peu!"

Alors je tends l'oreille et je l'entends me raconter le récit,l'histoire de ma vie,des synchronicités,des relations,de ce que j'ai pu éprouver,de ce qui est maintenant,d'un probable plus tard.Il me joue sa mélodie sur partition scandée de noires,de dièses et clefs de sol.

J'ai la vision apocalyptique d'une terre brûlée où même le silence paraît assourdissant.C'est un monde cendré,éteint,immobile:la fin,le rien,le chaos.Et ce coeur qui revient au moment où on s'y attend le moins qui trouble ma vision qui se transforme et s'éclaircit:c'est de la lumière qui jaillit mais n'aveugle pas,c'est du pardon qui transperce mais qui n'oublie rien,c'est l'espoir qui promet mais qui ne jure pas un après,c'est la Vie qui s'allume sur l'amertume des sentiments...

mercredi 27 août 2014

Sur le fil

J'observe cet oiseau à travers ma fenêtre:il s'ébroue,chante puis s'envole...Tout parait simple,fluide comme les nuages qui continuent leur course,comme la caresse du vent dans mes cheveux,comme le temps qui s'enfuit et ne s'arrête jamais.Chaque chose,chaque être est inscrit dans l'espace comme une évidence,comme si chaque pièce du grand échiquier était à sa place,exactement là ou il fallait,un savant mélange de génie et de folie(?)Divine dichotomie qui propulse le paradoxe du "tout vous parait compliqué alors qu'en fait tout est si simple"

On planifie,on prépare,on joue sur un avenir qu'on s'invente,sur des projets lointains,on tente d'attraper un destin illusoire,on fait tout pour plus tard.J'entends,j'opîne du chef,je rassure,j'explique,j'accompagne mais au fond je ne comprends pas.Je reçois des personnes de différents âges,éducation,nationalités mais tous ont la même ligne de mire: la suite.Aucun d'eux ne se pose la question du maintenant,de l'importance du moment présent,à trop penser à plus tard ils en oublient le tout de suite..

On fait des choix,on les assume ou pas,puis on s'endort et la vie nous pousse à continuer chaque jour:réitérer l'expérience encore jusqu'à ce qu'elle nous parvienne satisfaisante ou du moins supportable pour notre égo ou notre âme.On pense se créer des habitudes tels des automates afin que rien ne change:matin-midi-soir et pourtant..se place là,sous nos yeux trop embrumés des possibilités,des choix à faire,des chemins à traverser ou non,des mains à tendre ou pas.

Tout semble "pareil" mais rien ne l'est en vérité,c'est notre propre perception qui nous crée cette vision faussée,cette apparente sérénité que les coeurs n'ont pas.Alors oui,on aura le temps de se rattraper "après" si la chance nous est donné d'expérimenter à nouveau ailleurs,dans un autre corps,avec une autre conscience?Mais c'est court,si léger,si fragile une vie,cette vie..

Un coup d'oeil au réveil il m'indique 16 heures (déjà!sic!),le temps file à une allure déconcertante,s'éparpille comme les grains de sable qui s'échappent du sablier sans qu'on puisse se retourner sur ce passé qui;il y a quelques secondes encore,était notre présent..



Conscience


Des mélodies,des bribes de phrases,des flashbacks d'existence,des voix et cette brume qui plante son décor juste devant mon regard qui divague.

Je sais,puis je doute,j'hésite,je ne sais plus..Rien de clair,juste des impressions,des questions qui resteront sans réponse:"et si?aurai-je du?imaginons que.."Piètre consolation et pourtant impossible de m'empêcher de penser,de retourner le problème dans tous les sens pour trouver une réponse qui peut-être soulagera ma peine,ma colère,ma non-acceptation?

J'évoque intérieurement toutes les alternatives,je suppose tous les scénari,je présume,je crois,je pense.La probabilité m'étrangle j'aurai tant besoin de certitudes inébranlables,d'une vision m'apprenant qu'il ne pouvait en être autrement,que les choix ont été les bons aux moments les plus opportuns or rien ne m'aide:ni les futurs potentiellement positifs,ni cet après sans regrets,sans remords,sans ce fardeau aussi lourd que le marbre et qui pourtant est invisible!

Comment alléger ce qui ne peut se quantifier,se mesurer,comment retirer ce qui n'existe pas dans cette réalité?


« On peut tout fuir, sauf sa conscience.  »

de Stefan Zweig